Sur le premier banc du côté gauche du comptoir

Il s’agit d’un roman d’amour analogique. Vous vous souvenez de la manière dont les Incas et les Aztèques faisaient lorsqu’ils voulaient flirter ? Ils n’allaient pas sur une application de rencontres. Ni sur un réseau social. Ils se regardaient ! Faisaient semblant de ne pas se regarder ! Ils imaginaient ! Ils allaient et venaient, tournaient autour de l’un de l’autre, envoyaient des signaux contradictoires, se perdaient, confondaient le désir de l’autre et se trompaient sur leur propre désir. Comme le diraient les Néandertaliens, ils tiraient un fil. La cour analogique de ce roman romantique se déroule entièrement dans un bar, ou plutôt, entièrement au comptoir d’un bar, ou mieux encore, entièrement sur le premier banc du côté gauche du comptoir – l’endroit préféré de Géraldo, là où Juliana ne cesse de croiser son chemin. Qui poursuit qui, qui fuit qui, qui est obsédé par qui, qui finira avec qui ? Avec une maîtrise de la narration, un rythme syncopé qui vous fait tourner les pages les unes après les autres, et une perspicacité dans la psychologie des relations, Carol Schettini transforme la rencontre entre un intello et une fille au style bobo en un mélange entre Memórias do subsolo et La Belle et la Bête, dans une version de matinée de dimanche. Prenez votre pop-corn et amusez-vous.

Ronaldo Bressane